Gabon : l’agriculture locale au secours de la cherté de la vie ?

Un des gros défis du gouvernement gabonais actuel reste celui de la vie chère dans le pays. L’agriculture ne consiste qu’en une première partie de la solution.

L’élection présidentielle n’a pas effacé les soucis quotidiens des Gabonais. Ne pas avoir les moyens de se nourrir convenablement, notamment en raison des prix des marchés et des grandes surfaces, reste une difficulté majeure. En quelques mois, l’oignon est devenu hors de prix, passant de 14 000 FCFA à 20 000 FCFA. Quant à la banane, qui était payée 24 000 FCFA, elle atteint désormais 35-36000 FCFA.
Les habitants de Libreville expriment leur frustration face à la hausse des prix. « Avec 2 000 francs, on ne peut pas manger », déplore une cliente. Pourquoi une telle inflation alimentaire ? Le pays est fortement dépendant des circuits d’approvisionnement étrangers. En effet, 80 % des besoins alimentaires nationaux sont couverts par des produits importés, plus chers que les produits locaux.
Cette dépendance à l’importation des denrées alimentaires coûte plus de 450 milliards de FCFA par an à l’État. La croissance du secteur agricole reste à ce jour insuffisante pour répondre à la demande locale, créant ainsi un déficit commercial estimé à environ 300 milliards de FCFA par an. Pour réduire ce phénomène et reconquérir une partie de sa souveraineté agricole comme alimentaire, le pays prévoit d’augmenter de 100 000 hectares sa surface agricole afin de dégager 46 500 tonnes de bananes plantain, 23 000 de tonnes de riz et 44 000 tonnes de manioc supplémentaires. Il reste cependant au minimum 5 millions d’hectares considérés comme cultivables aujourd’hui en friches. Selon le ministère de l’Agriculture, 2 millions d’hectares sont non attribués.
Quelles sont les autres possibilités pour le pays ?
Le gouvernement gabonais a pris conscience que l’agriculture ne pourra pas contribuer, à elle seule, à réduire la cherté de la vie. Lutter contre la vie chère passera par d’autres actions. Ce, comme la mise en place de mesures visant à contenir l’inflation mais aussi contre la fraude, la corruption et l’évasion fiscale. C’est ce que le gouvernement normalisé va poursuivre, en procédant également à des allègements fiscaux.
L’exonération totale de la taxe de 5 % sur le passage du Taux global réduit (TGR) pour certains produits alimentaires importés et une subvention à la vie chère fixée à 91,4 milliards de FCFA, a porté ses fruits. L’appui financier (subventions) à certains pans de l’économie et le plafonnement de certaines hausses pour maintenir des niveaux de prix acceptables ont profité à la population. C’est ainsi le cas pour la baguette de pain, ainsi que la viande de bœuf, de porc, de volailles et certains poissons. Le nouvel exécutif, issu des élections du 12 avril, devra également veiller à développer son potentiel minier (gisements de fer, or, uranium, diamants, cuivre, terres rares…) aujourd’hui sous-exploité, à l’exception du pétrole et du manganèse. Cela lui permettra de créer de la richesse et des emplois, et ainsi, limiter son risque de surendettement et de lutter plus efficacement contre le chômage (40 % des jeunes travailleurs) et la pauvreté endémique (33 % de la population).
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