C2S2P : La nouvelle tour de contrôle des promesses d’Oligui Nguema aux gabonais

Adoptée lors du Conseil des ministres du 30 mai, la création de la Coordination stratégique et de suivi des projets présidentiels (CSSPP) – ou C2S2P – pourrait bien être la marque de fabrique de la gouvernance d’Oligui Nguema du Gabon. Derrière cet acronyme encore peu connu se dessine un organe ultra-centralisé, directement rattaché à la Présidence, et conçu pour garantir une mise en œuvre rapide, efficace et transparente des engagements du chef de l’État.

Objectif : finir avec les chantiers à rallonge
Fini les promesses oubliées, les inaugurations sans lendemain ou les projets pilotés à vue. La CSSPP prend la relève du Haut-commissariat aux projets d’infrastructures, en élargissant son spectre d’action à l’ensemble des programmes présidentiels à fort impact socio-économique. L’ambition est claire : suivre, contrôler, coordonner, relancer si besoin, avec une logique de résultats au cœur du dispositif.
Dotée de cellules techniques spécialisées (infrastructures, santé, éducation, numérique, etc.), la C2S2P s’appuie sur des experts chargés de superviser chaque projet de bout en bout. Elle dispose également d’un comité de pilotage, présidé par le Chef de l’État lui-même, qui assure un suivi politique au plus haut niveau. C’est une manière d’éviter la dilution des responsabilités et de placer les ministres et techniciens face à leurs engagements.
Un instrument au service de la Ve République
Cette nouvelle structure s’inscrit dans le vaste chantier de refondation institutionnelle initié depuis l’élection présidentielle du 12 avril. Dans la logique de la Ve République, la CSSPP symbolise un État stratège, recentré sur sa capacité à planifier, exécuter et évaluer. Son existence même traduit une volonté assumée de rompre avec les inerties administratives et de remettre l’efficacité au cœur de l’action publique.
Le ministre François Ndong Obiang, à la manœuvre de cette réforme, l’a lui-même défendue comme un « instrument de pilotage présidentiel intégré », pensé pour « lever les blocages structurels » qui freinent depuis trop longtemps la réalisation des politiques publiques. Autrement dit : plus question que les annonces présidentielles restent lettres mortes.
Une pression nouvelle sur l’administration
Avec la CSSPP, c’est tout l’appareil exécutif qui se voit soumis à une pression accrue de résultats. Chaque retard, chaque dépassement, chaque dérive dans un projet prioritaire pourra désormais faire l’objet d’un recadrage direct depuis le palais présidentiel. Ce mécanisme renforce non seulement la redevabilité, mais impose une nouvelle culture de performance et de transparence au sein de l’administration.
Si son efficacité devra être jugée sur pièce, la CSSPP a déjà valeur de signal politique fort : celui d’un pouvoir qui veut se donner les moyens de ses ambitions. Pour Oligui Nguema, il ne suffit plus de promettre. Il faut livrer. Espérons simplement que cet organe n’échouera pas comme les autres notamment avec Ali Bongo : parés de bonnes intentions mais peu de résultats sur le terrain.
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