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Transports en commun

Port-Gentil paralysée par une pénurie de taxis après l’opération de numérotation de portières

Port-Gentil paralysée par une pénurie de taxis après l’opération de numérotation de portières
Port-Gentil paralysée par une pénurie de taxis après l’opération de numérotation de portières © 2025 D.R./Info241

Lancée officiellement le 9 avril, l’opération de pose de numéros de portières sur les taxis, initiée par la mairie de Port-Gentil, continue de rencontrer une forte résistance. Un mois et demi après le début de la campagne, une grande partie des taximen rechigne toujours à se conformer à cette mesure administrative, provoquant un déséquilibre majeur dans le transport urbain de la capitale économique gabonaise. Résultat : une pénurie de taxis et un calvaire quotidien pour les habitants.

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Dès les premiers jours de l’opération, la délégation spéciale de Port-Gentil a mobilisé des équipes de contrôle et procédé à l’immobilisation de plusieurs centaines de véhicules en infraction. En cause : l’absence de la vignette réglementaire affichant le numéro de portière, obligatoire pour tout véhicule de transport en commun. Selon les autorités municipales, cette campagne vise à régulariser un secteur longtemps laissé à lui-même, où de nombreux chauffeurs opèrent sans s’être acquittés des taxes municipales exigées par la loi.

Durcissement = pénurie

« Cette opération n’est pas nouvelle. Les chauffeurs ont eu jusqu’au 31 mars pour s’enregistrer et payer leurs taxes annuelles. Ce délai est fixé par la réglementation municipale et concerne aussi bien les taxis classiques que les “clandos” ou les TM. Malheureusement, beaucoup ont préféré ignorer cet ultimatum  », explique un cadre de la mairie. Faute de conformité, la ville a durci le ton. Les véhicules non enregistrés ont été sortis de la circulation, ce qui a drastiquement réduit le nombre de taxis en service.

Des taxis immobilisés

Cette raréfaction a eu des effets immédiats sur le quotidien des Port-Gentillais. Aux heures de pointe, les arrêts sont bondés, et les rares taxis encore en service dictent leurs lois. « Depuis le début du mois de mai, pour avoir un taxi, il faut attendre des heures. Certains chauffeurs roulent désormais uniquement la nuit, en toute discrétion. Les prix ont flambé, on paie trois ou quatre fois plus qu’avant  », se lamente Véronique Koumba, habitante du quartier Sogara. Une inflation tarifaire opportuniste que subissent de plein fouet les usagers les plus modestes.

De l’ordre !

À cette crise de mobilité s’ajoutent des soupçons de favoritisme et des frustrations parmi les chauffeurs eux-mêmes. « Certains disent avoir payé leur taxe depuis mars, mais leurs numéros ont été donnés à d’autres. D’autres refusent de verser les 20 000 FCFA exigés pour la pose du numéro, estimant que c’est de l’arnaque », dénonce Clémentine Onanga, elle-même conjointe d’un taximan. Des témoignages qui soulignent un manque de transparence dans la gestion de l’opération et qui alimentent la défiance envers les autorités.

De leur côté, les responsables municipaux campent sur leur position. «  Il s’agit de remettre de l’ordre dans un secteur qui génère d’importants revenus mais où règne une anarchie depuis trop longtemps. Certains font des recettes journalières de plus de 30 000 FCFA, mais refusent de payer une taxe annuelle de 200 000 FCFA. Ce n’est pas acceptable  », estime Hector Moundounga, cadre de la mairie. Il rappelle que les recettes fiscales issues du transport urbain ont chuté ces dernières années, affectant le budget de fonctionnement de la ville.

Usagers martyrisés

En attendant un retour progressif à la normale, la population continue de subir les conséquences de cette régularisation forcée. Nombreux sont ceux qui doivent marcher plusieurs kilomètres chaque jour ou s’organiser en covoiturage improvisé. « Même les taxis de la plateforme Gab+ ne prennent plus tout le monde. Ils deviennent sélectifs », regrette un usager rencontré à la gare routière de Matanda.

La mairie de Port-Gentil affirme que l’opération va se poursuivre jusqu’à ce que l’ensemble des véhicules concernés soient en règle. En d’autres termes, le bras de fer entre les autorités municipales et les chauffeurs de taxis pourrait encore durer plusieurs semaines. Pendant ce temps, les habitants de la capitale économique devront s’armer de patience, dans l’espoir que cette crise débouche sur une organisation durable et équitable du transport urbain.

@info241.com
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