Liquidation de la Sogabi : des ex-employés brisés, des salaires impayés et un DG volatilisé depuis 5 ans

L’ex-personnel de la Société gabonaise de boulangerie industrielle (Sogabi) s’est réuni mardi 6 mai à Port-Gentil, sur le site même de l’ancienne unité de production, pour commenter publiquement la décision du Tribunal de première instance autorisant la vente des biens de l’entreprise. Un soulagement teinté d’amertume pour ces anciens agents qui réclament toujours leurs salaires impayés et leurs cotisations sociales jamais reversées.

Plus d’une vingtaine d’ex-employés se sont retrouvés à la base de ce fleuron industriel d’autrefois, fermé depuis plusieurs années. Le constat est sans appel : salaires non versés depuis 2020, cotisations CNSS détournées, bulletins de paie inexistants… Et un ex-directeur, Serge Denis Divoungui, introuvable depuis son arrivée à la tête de la société en 2019. « Il a pris la société en juin 2019 et dès 2020, les salaires ne tombaient plus. Il a disparu. Nous voulons juste qu’il paie ce qu’il nous doit », dénonce à Info241 Christelle Mamboundou, une ex-employée visiblement éreintée.
Une autre vue de la sortie des ex employés désabusés
La situation dramatique de ces anciens salariés va bien au-delà des chiffres. Nombre d’entre eux vivent aujourd’hui dans une précarité extrême, certains frappés par des AVC faute de soins, d’autres réduits à mendier pour survivre. Des expatriés employés dans la structure sont toujours coincés au Gabon, incapables de regagner leur pays faute de moyens. « Nous avons été abandonnés comme des chiens, après avoir servi loyalement cette entreprise », confie l’un d’eux, le regard perdu.
L’objectif de cette sortie médiatique est aussi clair que nécessaire : alerter les potentiels acquéreurs que la Sogabi est officiellement en vente, conformément à la décision de justice rendue le 17 avril 2024. « Nous voulons rassurer les acheteurs : le Tribunal a validé la vente. Qu’ils n’aient plus peur de reprendre cette unité industrielle », explique toujours à info241 Ange Ngoma, porte-parole du collectif.
Dans une ville où cette boulangerie était autrefois un symbole de fierté économique, cette liquidation représente à la fois un tournant judiciaire et un dernier espoir pour des pères et mères de famille laissés sur le carreau. Si aucun repreneur n’est encore identifié, les anciens agents, eux, continuent d’y croire : que des cendres de la Sogabi renaisse, enfin, une structure digne de ce nom – et qu’un jour, justice leur soit rendue.
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